05 July 2006

Gareth Dickson - solina sea (Benbecula, 2005)

Ce deuxième album de l’Ecossais Gareth Dickson n’en est pas vraiment un, premièrement parce qu’il n’est pas sorti en tant que tel, deuxièmement parce qu’il est constitué de titres épars dont certains probablement volontairement non inclus sur son album ‘Spruce Goose’, tandis que les autres plus récents s’inscrivent sous influence revendiquée de la scène électronique (Aphex Twin, Boards of Canada), même si pas la moindre trace digitale à l’horizon. Pas vraiment sorti parce qu’il ne s’agit que d’un des treize cdrs sortis dans un coffret, ‘Minerals Box’ par un label expérimental écossais.


Gareth précise d’ailleurs dans le mot qui accompagne ma copie, ‘It's therefore not very cohesive but you might find it interesting anyway’. Et combien ! Ca fait quelques jours que ce disque tourne en boucle, calmement à volume très modéré, audible simplement si on y prête attention, distillant toute la science du fingerpicking de Gareth, enveloppée de brumes, résonance et réverb, additionnée sur quelques titres d’un chant chuchoté, une démarche très minimaliste, épurée, réduite à l’essentiel, austère par certains aspects. Probablement que celle-ci condamne Gareth à une certaine discrétion, limitant l’effet de séduction de sa musique et sans doute l’envie d’y revenir, aussi signifiante qu’elle peut être lorsque l’on s’y trouve capturé.

Mais pourtant les morceaux se succèdent tout en finesse et subtilité, naturels et spontanés ne trahissant nul arrivisme ou ambition particulière. Du calme, presque anodin ‘Agoa’, qui pourrait laisser penser qu’un disque de fingerpicking de plus, à la John Fahey, nous attend, on glisse vers des ambiances champêtres et folk de ‘Amber Sky’ où l’on croise le chant hésitant, chuchotant mais pas complètement dégrossi de Gareth, mais le charme opère et nous propulse dans une autre dimension ; le disque peut alors progresser, nous voilà transportés.

D’autant que l’extase nous attend en plage trois, un ‘Climbing’ en apesanteur, cette joie et légèreté d’arriver au terme d’une escalade et de pouvoir poser le regard à 360° d’un promontoire naturel alors que le ciel est calme et quasiment immobile et plonge l’univers qui nous entoure dans une quiétude opulente que ne viennent troubler que chants d’oiseaux et murmures de cascades. C’est beau, terriblement beau. Avec ‘if I’ en parfaite suite plus contemplative encore, puis ‘Harmonics’ qui glisse entre les nuages blancs, comme gonflé à l’hélium, juste menacé de failles mélancoliques profondes, on ne touche plus le sol, en parfaite apesanteur et introversion solaire.

Fin d’un cycle. Dès ‘The Dance’, on glisse vers une autre part, plus sombre et légèrement oppressante, ce morceau est le premier de quatre composés dans une optique et sous une influence électronique même s’ils ne le sont pas en eux-mêmes. Ca débute comme une impression de pluie froide et tenace, pas forcément agréable, mais où l’on sent bien en filigrane l’influence de l’Aphex Twin des débuts. ‘The Wine’ persévère dans cette tentative de traduction sans que l’on puisse réellement y trouver bénéfice. Bizarrement, ‘Electro’ me fait vaguement penser à certaines expérimentations instrumentales de Brian Eno. Seul ‘Solina Sea’, qui donne son titre à l’album tire vraiment la tête de l’eau parmi ces tentatives et encore, sans doute parce que cette plage ne s’y adonne pas complètement, tentant plutôt une forme de pont. Je doute que Gareth Dickson ait réellement intérêt à persévérer dans cette voie, pour preuve la sensation de fraîcheur qui s’empare de nous lorsqu’il en revient à ses premières amours sur un ‘Noon’ envoûtant.

Bref au total, ce second album de Gareth Dickson est relativement inégal, mais contient toutefois une moitié de vraies pépites à faire défaillir l’amateur de folk intimiste dévoué à une approche purement fingerpicking monotone mais troublante.

http://www.garethdickson.com/

No comments:

Post a Comment